Existe-il un phénomène monétaire plus stupéfiant que l’inflation ?
Étudié, analysé, intégré dans les modèles économiques depuis l’origine de tous les systèmes d’échange, il intrigue encore et toujours la grande majorité des économistes qui ne cessent d’émettre des hypothèses sur ses causes. Et se demandent si l’inflation d’hier peut-être comparée à celle que nous vivons aujourd’hui ?
Si l’inflation se traduit pour le commun des mortels par une hausse - mesurée ou démesurée - des prix des biens à la consommation, son observation minutieuse permet de découvrir très vite à quel point elle est complexe et incontrôlable. En effet, définir l’inflation comme mécanisme impactant le pouvoir d’achat est réducteur. On parle d’une hausse généralisée sur un ensemble de produits - généralement de grande consommation -, et d’une hausse durable. « L’inflation passagère » n’en est donc pas, pour ce faire il faut que le phénomène dure. Mais que ce soit à moyen ou long terme, rares sont les revirements de situation après la hausse d’un prix ou d’un service. On constate que le changement s’intègre profondément dans les composantes de calcul d’un prix.
Alarmés par ce phénomène, les historiens sont venus au secours des économistes, et ont tenté, parfois de façon empirique, de donner un cadre à l’inflation : déclin de la société pour certains, taxe sur la pauvreté pour d’autres, ou encore « maladie insidieuse », dont le diagnostic doit être impérativement réalisé pour être traité. Il n’y aurait donc pas une inflation, mais de multiples variantes dont l’identification des causes serait primordiale pour en réduire les effets.
Avant d’examiner les facteurs, souvent récurrents, comme l’augmentation des coûts des matières premières, l’impact des politiques monétaires ou encore la demande excessive pour les produits, il faut remarquer que les bouleversements monétaires présentent de grandes similitudes dans l’histoire. A la fin du troisième siècle de notre ère, la hausse des prix est provoquée par la désorganisation des échanges qui gangrène l’Empire romain : le blé, l’huile et autres denrées alimentaires voient leur prix exploser. Au moyen-âge, la monnaie de Charlemagne se déprécie progressivement, à l’image de la quantité d’or qui compose les pièces en circulation, et qui en détermine la valeur. Instabilité au 16e siècle également, non plus avec des pièces mal frappées cette fois-ci, mais avec des titres de créance au trésor public, utilisés comme monnaie fiduciaire, qui créent presque sans surprise une inflation structurelle frappant une nouvelle fois les biens de grande consommation. Le prix du blé, bien de référence à l’importance évidente, augmente de manière indécente jusqu’aux insurrections menant aux grands mouvements de 1792.
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